Environnement      

Un dossier brûlant : le schisitier de la carrière de Schoeneck

A proximité de Forbach, entre les communes de Schoeneck et de Stiring-Wendel , les H.B.L. ont utilisé l'ancienne carrière Simon comme dépôtoir, y ont déversé durant des années des millions de m3 de résidus de toute sorte, polluant ainsi le site.

Maintenant, le schiste s'est echauffé et dégage des odeurs nauséabondent qui gênent terriblement les habitants mais aussi les élèves du Lycée Condorcet situé à proximité.

Un collectif d'association s'est mis en place pour demander aux H.B.L. de nettoyer le site et de le rendre conforme aux normes en vigueur.

Mais rien ne bouge dans ce sens.

Elus et population réclament l'évacuation des 3,5 millions de m3 de schiste

La population dit son inquiétude dans une pétition. Les élus l'expriment lors de réunions avec des techniciens. Mais tout le monde se retrouve sur un point: les travaux engagés sur le schistier de la carrière Simon ne sont que provisoires. A terme, il faudra qu'il soit évacué.
FORBACH. - Depuis le mois de novembre, le schistier de la carrière de Simon est au centre des préoccupations des habitants de Schoeneck et de Stiring. Sa combustion entraîne en effet l'émission de fumées qui, d'abord coincées dans la cuvette, s'étalent ensuite dans les environs. Des fumées nauséabondes qui peuvent aussi être dangereuses pour la santé si certains seuils sont franchis. Dès décembre, les HBL ont entrepris d'étouffer le schistier en projetant du béton, et en colmatant les arrivées d'air avec une butte de sable. Ces travaux, prévus pour une durée de 10 mois, avaient d'ailleurs été évoqués lors de la séance extraordinaire du District de Forbach, le 28 janvier dernier.

Mais ces travaux sont loin de rassurer tout le monde. D'ailleurs, une pétition circule en ce moment et trône même en mairie de Schoeneck. A l'initiative de l'ADEPRA (association de défense de l'environnement de Petite-Rosselle et alentours), les habitants sont invités à apposer leur signature au bas d'un texte mettant en exergue cette "situation qui affecte la santé des habitants ainsi que des élèves du lycée Condorcet n'a que trop duré". Et les signataires de demander des "mesures radicales", c'est à dire "une extinction rapide du feu, des contrôles permanents et renforcés des gaz engendrés par la combustion du schistier, et l'évacuation totale de l'ensemble des schistes de cette carrière".
Des relevés quotidiens
Paul Fellinger et Jean-Claude Holtz, maires de Schoeneck et Stiring-Wendel, partagent le même sentiment que les pétitionnaires. Lundi en sous-préfecture, ils ont assisté à une réunion en présence de Bernard Le Menn, sous-préfet, de représentants des HBL, de M. Vincent de la DRIRE, de Roland Metzinger, député et de Jean Michels, secrétaire général du District. Plusieurs nouvelles leur ont été apportées sur le chantier. D'une part, ils ont pris connaissance des sondages de températures. "Au fond, il fait 70 °C. Ce qui laisse à penser que la combustion de situe sur une croûte de 4 à 5 m, en surface". Une information qui ne rassure pas forcément les deux élus. "Cela vaut dire que lorsque qu'ils vont écrêter le schistier et retirer 350 000 m3 de schiste, cela risque de produire un appel d'air. Alors, ça brûlera de plus belle", note Jean-Claude Holtz. Paul Fellinger insiste lui pour que ces 350 000 m3 ne soit pas remis sur le haut du schistier comme prévu, mais évacués.

Lors de cette réunion, ils ont également eu deux bonnes nouvelles. D'une part, une troisième capteur pour contrôler les teneurs en CO de l'air a été installé à l'entrée du lotissement de la ferme de Schoeneck. Et depuis hier, les relevés sont quotidiennement envoyés en sous-préfecture, à la DRIRE, au député, au District et aux mairies de Schoeneck et Stiring-Wendel.
"Il faut tout enlever"
Mais pour les deux maires, les travaux actuels ne font que régler un problème immédiat. "Mais cela ne règle rien à long terme", explique Jean-Claude Holtz. Le maire de Schoeneck est catégorique: "il faut que les HBL évacuent le schistier. Un rapport a d'ailleurs mis en avant les risques si le schistier était noyé suite à la fin du pompage des eaux d'exhaure. Avec de multiples lessivages, cela entraînerait une aggravation de la pollution de la nappe phréatique". Mais où évacuer ce schistier? "Ça c'est aux HBL de le trouver", lance Jean-Claude Holtz. "Ne peut-on pas trouver une solution pour brûler ce schiste? Apparemment, il renferme encore 20 % de charbon. Une fois brûlé, le résidu est inerte", ajoute Paul Fellinger qui estime à 5 ans le temps pour évacuer les 3,5 millions de m3 de schiste. "On nous dit que ce n'est pas possible de les évacuer. Mais nous, on se battra", lancent en coeur les deux maires qui viennent d'ailleurs de solliciter une entrevue avec le Préfet.

 

Une coordination réclame la dépollution totale de la carrière

Les élus et les associations de défense de l'environnement sont plus que jamais décidés à obtenir une évacuation du schiste entreposé à la carrière Simon à Schoeneck par les HBL. Mercredi ils ont rédigé une motion en ce sens.

Le schistier de la carrière Simon à Schoeneck n'a pas fini de faire parler de lui. Mercredi soir, au terme d'une réunion publique au Centre socioculturel de Schoeneck qui affichait salle comble, les élus et présidents d'associations de défense de l'environnement des communes limitrophes de la carrière se sont regroupés officiellement en une "Coordination pour l'évacuation des résidus de la carrière Simon". Et ce, en déposant une motion. Depuis trois mois en effet, les habitants des communes de Schoeneck et de Stiring-Wendel sont incommodés par des odeurs pestilentielles, dues à un phénomène d'autocombustion du schiste entreposé par les HBL sur le site depuis 1985. Malgré les travaux déjà engagés par les HBL, qui tentent d'étouffer la combustion en projetant du béton et en colmatant les arrivées d'air avec une butte de sable, les membres de la coordination font part de leur mécontentement. Dans la motion ils posent des exigences. A savoir "l'extinction immédiate de la combustion mettant fin à l'émanation des fumées, l'évacuation complète des schlamms, schistes et autres déchets, le respect des prescriptions de l'arrêté préfectoral du 9 avril 1990".

Nappe phréatique menacée

Premier intervenant, Paul Fellinger, maire de Schoeneck a tout d'abord constaté que "la situation ne s'est pas améliorée malgré l'optimisme affiché par les HBL concernant les travaux en cours". L'élu a rappelé que l'évacuation des 3,5 millions de m3 de schiste entreposés dans la carrière est nécessaire pour envisager une dépollution du site. "En finalité c'est le préfet qui prendra la décision", a-t-il dit.

Pour sa part, Jean-Claude Holtz, maire de Stiring-Wendel a tout d'abord dressé un historique du problème, avant de balayer les arguments développés par les HBL concernant l'impossibilité d'évacuer le schiste: "Le coût d'une telle opération est certes estimé à 200 MF et le transport du schiste peut générer des nuisances pour les riverains, mais une évacuation est nécessaire. Si on laisse le schiste, le problème de la pollution de la nappe d'eau est ouvert".

Il a été rejoint dans son propos par M. Birtel qui a donné la position de l'Adepra (Association de défense de l'environnement de Petite-Rosselle et alentours), association qu'il préside. Outre les problèmes posés par le phénomène d'autocombustion, l'orateur s'est projeté lui aussi sur le long terme. "La décision prise par les HBL de laisser la nappe phréatique du sous-sol de Simon recouvrir le schistier dans la cuvette de la carrière est une pollution programmée et définitive. Nous devons absolument éviter une catastrophe écologique irréversible!" a-t-il vitupéré.

Lycéens incommodés

M. Bernard Stengel, représentant du CLCV (Consommation logement et cadre de vie) a tenu des propos alarmistes. "La santé des élèves scolarisés au lycée Condorcet, proche du schistier, est menacée, notre eau a un mauvais goût, et pour nous il n'y a pas que du schiste enfoui dans la carrière", a-t-il déclaré en substance. Pascal Schweitzer, de l'Union touristique des amis de la nature a lui évoqué l'avenir du site: "Il faut penser à nos enfants, ce schistier défigure la nature".

Enfin, M. Birtel a donné des précisions concernant l'aspect juridique du dossier (voir par ailleurs), avant que Sylvie Weiland, attachée parlementaire de Roland Metzinger, député du Bassin houiller ne prenne la parole. "M. Metzinger suit ce dossier de près. Il est intervenu auprès de Mme Dominique Voynet, ministre de l'Environnement et de M. Christian Pierret, autorité de tutelle des HBL", a-t-elle souligné. En outre, l'élu a saisi Mme Bernadette Malgorn, préfet de région, pour que celle-ci reçoive une délégation de la coordination nouvellement créée.

Pour terminer la réunion, le public a été invité à donner son point de vue et à poser des questions, avant qu'une pétition ne circule dans la salle et ne recueille de nombreuses signatures.

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